Mon sang se glaçait. C'était la première fois que je sortais aussi tard sans prévenir mes parents. Moi qui pensait revenir, pouvoir entrer dans la maison sans bruit et aller me coucher directement. La mission était un échec. Déjà rien de d'entendre mon prénom familier me fit frissonner d'angoisse. La voix grave et dur me rappelait que c'était mon père qui s'adressait à moi. Ce soir-là, ou plutôt ce matin-là, à trois heures, j'eus la plus grande peur de ma vie et me pris la plus belle claque au monde. Après ça, j'étais allé me coucher, retenant mes larmes par fierté et j'avais désaoulé tout ce que j'avais bu jusqu'au lendemain matin, où je devais retourner en cours. Mon père avait renforcé ma tenu correct et exigeante à la maison, et ma mère l'approuvait totalement. Sauf que les weekend, prétextant faire des devoirs chez des amis, j'allais faire la fête. Ce manège a duré jusqu'à ma majorité. Mes parents se sont laissés bercés d'illusions toutes ces année. Jusqu'à ce que je fasse la plus grande erreur de ma vie. Une fête, de l'alcool, des filles, une fille en particulier. Pourquoi c'était tombé sur elle ? Bonne question. Pourquoi ne pas assumer ? Très bonne question aussi. Fierté à la con. On m'avait dit « quand tu es jeune, tu fais des erreurs » mais j'ai cru que celle-ci ne serait jamais réversible. J'avais mit une fille de ma classe enceinte. Elle ne le voulait pas, moi non plus. En nous mettant d'accord, elle était allée se faire avorter et l'histoire était rangée.



Le jour de mes dix-huit ans. Je pensais à une fête, non pas quelque chose d'immense, passer la soirée avec mes parents et passer le weekend à me saouler, mais non. Il était 17hoo passé et mes parents me foutaient à la porte avec une valise et de l'argent. Je me trouvais devant la porte qui venait d'être claqué par mon père il a quelques secondes. J'attendais qu'il la rouvre, mais rien. Je devais l'admettre : ils ne voulaient plus me voir. Je mettais mon sac sur mon dos et comptais ce qu'ils m'avaient laissé. Quelques habits, quelques billets, aucun souvenir. Je soufflais et partis à pied. « Français avec un accent adorable ». On aurait dit un surnom que l'on me donnait une fois arrivé à Londres. Pourquoi Londres ? Pourquoi pas. Paris était trop gris et mon ancienne ville était aussi ennuyeuse que toutes les autres villes de France. Alors j'avais choisis l'Angleterre. Ayant toujours été bon en langues, parler anglais était un jeu d'enfant. Je m'installais d'abord dans une sorte de foyer, avec plusieurs hommes. Un emploi s'ouvrait vite à moi dans la musique. Faire partie d'un petit groupe. Sauf que tout n'alla pas comme il fallait. Le second travail était plus ennuyeux mais tant que je gagnais de l'argent, ça allait. Ranger des étales dans un grand magasin. Viré pour trop de retard. Troisième et actuel travail : barman dans le « Club Techno Gay » de Londres.



Tous les soirs, les même compliments. Bizarrement, ça ne me répugne même pas et je trouve ça même gratifiant de la part des hommes. En même temps, en me baladant torse nu, heureusement j'avais pu négocier pour garder un semblant de pantalon assez large, excitait un paquet d'hommes. Tant que l'on ne me demandait pas de coucher avec eux – même si mon patron me promettait une prime énorme si j'acceptais, au moins avec un ou deux – ça irait. J'étais à l'heure, je dormais le reste de la journée et ça me convenait très bien. Mon salaire étant plus élevé, j'avais même pu prendre un appartement, qui allait peut-être devenir en colocation un jour comme je ne savais pas non plus si j'allais garder éternellement le poste que j'avais. En tout cas, j'arrivais à vivre de moi-même et je n'avais plus de contact avec mes parents … sauf une lettre d'il y a quelques jours ;


Touchant n'est-ce pas. Je ne leur ais pas répondu. Bien sûr, il n'y avait que moi dans les connaissances de mes parents à posséder AB négatif. La chance ? Non, disons que c'est tellement rare que j'ai plus de chances de mourir s'il m'arrive quelque chose que de survivre. Tant pis, j'aurais fait la fête pour cinquante bonnes années. Et c'est tout souriant que je pars vers de nouvelles aventures, qui me mèneront je l'espère, vers des personnes qui pourront me faire continuer à vivre dans cette vie que j'apprécie de plus en plus …